Innovation  et enseignement du français en Tunisie : enjeux et défis

Mounira HAMMAMI

Inspectrice générale –Chef de projet

 

 

Le ministère tunisien de l’Education et de  la Formation s’est engagé depuis la rentrée 2002 dans une réforme de grande envergure . Dans ce contexte d’innovation, l’intégration des technologies de l’information et de la communication aux activités d’enseignement / apprentissage ( TICE ) représente une des orientations les plus importantes.

Ainsi, et pour concrétiser cette option,  une stratégie ambitieuse a été mise en place  pour promouvoir et développer les activités pédagogiques et culturelles liées aux  TICE

 

C’est l’Institut National de Bureautique et de Micro-informatique ( INBMI) qui, en tant  qu’ institution spécialisée relevant du ministère de l’Education, a pour mission depuis sa création ( 1995) de mettre en œuvre cette politique.

Ces différentes actions commencent à induire des changements d’attitudes et  de pratiques chez les enseignants et les élèves surtout dans l’enseignement secondaire, même si  de nombreuses questions continuent à interpeller les enseignants de langue notamment.

 

Par ailleurs et toujours dans le cadre de la réforme, un programme visant l’amélioration de l’efficacité de l’enseignement du français, vient d’être mis en place avec le concours du ministère français des Affaires étrangères. Il s’agit du « Programme de rénovation de l’enseignement du français dans le système éducatif tunisien » (PREF/SET),

      

  Une des composantes de ce programme est la création d’un site Internet destiné à répondre aux besoins des formateurs et des enseignants et l’organisation d’une formation à distance pour ceux qui  exercent dans les zones les plus isolées du pays.

 

Je me  propose dans mon  intervention de :

-présenter brièvement les grands axes liés à  la stratégie mise en œuvre par l’INBMI

-rendre compte des objectifs prioritaires du PREF/SET  en termes de formation à

distance et d’animation du site Internet

-avancer quelques propositions en vue de tracer les perspectives de travail par les

TICE.

 

 

 

 

 

 

 

PREMIERE PARTIE

 

La stratégie mise en place pour l’intégration des technologies de l’information et de la communication aux activités d’enseignement / apprentissage

 

Cette stratégie s’articule autour  des axes prioritaires suivants :

 

Intégration des TIC dans les programmes d’apprentissage

 

Un plan a été conçu en vue d’intégrer les technologies de l’information et de la communication ( TIC ) dans les programmes scolaires, afin de doter les  élèves, dès leur jeune âge, de la capacité de se servir des moyens considérables qu’elles offrent dans l’apprentissage, la recherche de l’information, la communication, ou pour trouver les réponses et les solutions aux problèmes qu’ils rencontrent. Dans le même sens, des outils et des guides sont mis à la disposition des enseignants pour les aider à tirer parti des ressources offertes par les TIC dans les différents domaines de l’apprentissage. Ce plan sera mis en œuvre dans le cadre des projets d’établissement qui  définissent les objectifs pédagogiques spécifiques à atteindre, les actions à  entreprendre, les résultats attendus et les modalités de leur évaluation.

 Il commence à prendre forme dans la définition des contenus des nouveaux programmes d’enseignement qui font apparaître les TICE comme un compétence transversale incontournable pour la formation( cf. nouveau programme  de français de 1ère.A.S. en annexe)

 

Formation des enseignants à l’utilisation des TICE

 

 Cette formation se fait pour une part en présentiel, et pour l’autre part à distance, par le biais de l’école virtuelle qui a réservé l’un de ses départements à la formation des enseignants aux TICE et à leurs différents usages éducatifs.

Dans ce même ordre d’idées, des écoles d’été réservées au renforcement des compétences des enseignants tant au niveau national que régional, dans le domaine de l’utilisation de l’ordinateur et de l’Internet,  de la production de contenus numérisés et de l’intégration des technologies de l’information et de la communication dans les activités d’enseignement – apprentissage .

Des réseaux disciplinaires regroupant les enseignants et les cadres pédagogiques dans diverses disciplines ( mathématiques –  sciences physiques – sciences naturelles – français – anglais…) ont été mis en place. Ces réseaux – dont les premières productions sont prometteuses – permettent d’initier et d’organiser des échanges entre les enseignants et favorisent une dynamique de création de supports d’apprentissage multimédia. Toute expérience d’utilisation des TICE est encouragée et diffusée .

Les réseaux culturels créés au niveau des établissements constituent des espaces privilégiés où se forgent les compétences de base en informatique : ils permettent d’ initier des projets d’animation culturelle et sociale ( club de poésie, de l’environnement, de la santé…)

 

 

 

 

Equipement des établissements scolaires en matériel informatique

 

Il est prévu dans ce cadre :

·        d’équiper tous les collèges en matériel informatique avant la fin de l’année 2002, et d’équiper une école primaire pilote dans chaque circonscription d’inspection au cours de la même année, en attendant de couvrir toutes les écoles primaires d’ici l’année 2005 ;

·        de développer les laboratoires d’informatique dans les lycées et d’utiliser progressivement l’informatique dans toutes les disciplines.

 

Extension du réseau éducatif et amélioration de ses services

 

Le programme de connexion de l’ensemble des établissements scolaires au réseau Internet se poursuit normalement, selon un calendrier qui devrait aboutir à la  connexion de tous les collèges avant la fin de l’année 2002 et à la connexion de toutes les écoles primaires au cours de la période 2001 -2005.

Par ailleurs, un ensemble de mesures ont été prises pour développer les services éducatifs et assurer le stockage des contenus numériques et leur diffusion. Elles consistent principalement :

·        à offrir aux enseignants des comptes d’accès au réseau et aux services du courrier électronique, afin de les inciter à utiliser l’Internet et à en exploiter les ressources dans leur enseignement ;

·        à faciliter l’hébergement des sites Web des institutions éducatives, des réseaux disciplinaires et des espaces d’innovation et de créativité dans les domaines culturel et scientifique tout en leur apportant l’assistance technique nécessaire ;  

·        à favoriser l’accès aux ressources éducatives et aux documents numérisés à travers la bibliothèque virtuelle éducative ;

·        à offrir des services administratifs et scolaires à distance dans le but d’améliorer les services destinés aux élèves et aux enseignants

 

Création de l’école virtuelle tunisienne et mise en place d’un système évolué d’enseignement et de formation à distance

 

Dans le cadre de la mise en place d’un système intégré d’enseignement et de formation à distance qui couvrira tous les cycles de l’enseignement, l’école virtuelle tunisienne ( E.V.T ) a démarré, dans une première phase d’exploitation expérimentale, depuis janvier 2002. L’EVT sera développée progressivement pour remplir  diverses fonctions dont les plus importantes sont liées à l’affirmation  du  principe d’égalité des chances en vue de   l’amélioration de la qualité des acquis des élèves.

L’école virtuelle organisera ses activités autour des quatre axes suivants :

·        Présenter des cours et des activités de soutien et d’accompagnement scolaire dans l’ensemble des disciplines, à tous les niveaux de l’enseignement. Pour le français : cours multimédia pour préparer les épreuves données dans le cadre des examens nationaux ( baccalauréat et diplôme de fin de l’enseignement de base).

·        Dispenser un enseignement de langue arabe et de civilisation tunisienne aux enfants des Tunisiens résidant  à l’étranger .

·        Donner l’opportunité à tous ceux qui ont interrompu leur scolarité, à titre temporaire ou définitif, de reprendre leurs études, dans le but d’élever leur niveau de formation et d’améliorer leur situation professionnelle et sociale.

·        Instituer un espace de formation pour les enseignants, afin de les doter des capacités qui leur permettront de tirer le meilleur parti des ressources offertes par les TICE

·        Développement de la production de contenus numérisés et de logiciels éducatifs.

C’est dans ce cadre que le Centre National Pédagogique a programmé l’installation d’une unité de production de supports didactiques multimédias – conformes aux programmes  officiels – en coopération avec des entreprises spécialisées tunisiennes et des spécialistes du monde de l’éducation. Pour continuer avec l’exemple du français un cédérom destiné aux candidats concernés par le   CAPES vient d’être terminé et sera mis sur la toile.

 

Mise en place d’un système d’information intégrée

 

Afin d’améliorer les méthodes de gestion administrative, le ministère de l’Education a entamé la mise en place d’un système d’information intégré, ayant pour point de départ l’établissement scolaire, transitant ensuite par la direction régionale, puis remontant vers les instances centrales du ministère. Ce dispositif permettra un suivi rigoureux du système éducatif aussi bien au plan qualitatif que quantitatif ; et il fournira aux décideurs des moyens fiables pour l’évaluation, la conception et la planification.

Le ministère de l’Education a entamé, dans ce cadre, la réalisation des projets variés tels que le développement et l’expérimentation d’un logiciel de gestion de la scolarité (Eduserv) aux multiples fonctions .

C’est l’Institut National de Bureautique et de Micro-informatique ( INBMI) qui, en tant  qu’ institution spécialisée relevant du ministère de l’Education, a pour mission de mettre en œuvre cette politique.

Ces différentes actions commencent à induire des changements d’attitudes et  de pratiques chez les enseignants et les élèves surtout dans l’enseignement secondaire.

 

 

DEUXIEME PARTIE

 

Le Programme de rénovation de l’enseignement du français dans le système éducatif tunisien (PREF/SET) et  les TICE

 

Le point de départ de ce projet est le constat partagé des carences de la maîtrise du français observées chez bon nombre d’élèves tunisiens au terme de leur cursus scolaire, alors que l’apprentissage de cette langue débute dès la 3 année du premier cycle de l’enseignement de base (école primaire) et s’y poursuit intensivement  pendant  toute la scolarité secondaire.

 

La finalité de ce projet est d’améliorer la maîtrise du français chez ces élèves, ce qui par contrecoup devrait également favoriser les apprentissages disciplinaires qui recourent au français comme langue d’enseignement dès le secondaire et, plus encore, dans le supérieur.

Son objectif principal, qui est de renforcer l’efficacité de l’apprentissage du français dans l’enseignement de base et dans l’enseignement secondaire, peut se décliner en trois objectifs secondaires :

·        assurer une mise à niveau (linguistique, culturelle, scientifique, pédagogique) des enseignants dont la formation initiale est lacunaire ;

·        favoriser un meilleur environnement culturel francophone à destination des élèves (et des enseignants) en dehors de la classe ;

·        apporter des appuis à l’encadrement pédagogique de manière à encourager l’assouplissement, la diversification et le renouvellement des pratiques de classe.

        

Les principales activités consisteront, avant tout, en actions de formation, ciblées en direction des enseignants les plus fragiles ; d’autre part, en stimulation d’activités et d’animations parascolaires en français ; enfin, en appui à la constitution d’un réseau de professeurs-formateurs susceptibles d’être les relais du renouvellement pédagogique.

 

         D’une façon générale, en fin de projet, on devrait pouvoir observer une requalification d’un nombre significatif d’enseignants de français, des pratiques de classe libérées, une démultiplication des activités parascolaires utilisant la langue française, et ressentir les premiers effets de ces actions dans le rapport qu’ont les élèves au français.

(C.f .Fiche projet) en annexe

 

Deux axes prioritaires de ce projet concernent les préoccupation de cette rencontre : il s’agit de la création et l’animation d’un site Internet du projet et de la  formation à distance.

 

 

La création et l’animation du site Internet du projet

 

L’idée est de constituer  un portail inventoriant tous les sites dédiés à l’éducation et établissant des liens avec eux ; ce qui faciliterait la mise en relation des institutions tunisiennes et francophones concernées : INBMI  et ses antennes régionales,  CREFOC (Centres régionaux de formation continue), CNIPRE (Centre national de l’innovation pédagogique et de la recherche en éducation), CNF (Centre national de formation)…  pour la Tunisie, CNDP, INRP, IUFM , CNED… pour la France .

Pour cela le recrutement d’un enseignant de français spécialiste en informatique s’est avéré nécessaire, parmi ses tâches principales la formation de formateurs en informatique et enseignement du français, la création d’un réseau pour la diffusion de supports pédagogiques et récréatifs,  la transcription des documents pédagogiques,  l’insertion de supports ludiques et éducatifs, le répertoire des échanges et jumelages scolaires…

Les résultats attendus      devraient permettre, d’un côté de renforcer  l’autonomie croissante des enseignants autour d’un coordinateur de français par établissement, pour la recherche guidée d’innovations pédagogiques et de références culturelles, de l’autre,  de former  sur place, d es enseignants animateurs de CDI et des coordinateurs de français aux technologies de l’information et de la communication éducatives (40 par an)

 

La formation à distance

 

La deuxième préoccupation de ce projet est la mise en place de formations qualifiantes à distance, avec le concours des institutions spécialisées en France et en Tunisie, en vue de la  consolidation des acquis linguistiques, littéraires et pédagogiques et  de l’apprentissage de nouvelles démarches d’exploitation des textes et des documents authentiques .La diffusion sur le site du projet des formations réalisées des cassettes vidéo d’auto-formation ( littérature, didactique FLS, langue et culture), la création d’un cédérom sur le français, le  passage de la formation qualifiante à la formation diplômante devraient permettre de réaliser un des objectifs prioritaires du PREF/SET à savoir la  (re)qualification de 750 enseignants (250/ an) aux formations initiales lacunaires ou ne correspondant pas à leur discipline d’enseignement.

 

 

 

TROISIEME PARTIE

 

Les enseignants de français et les TICE

 

Si le problème de l’équipement et celui du raccordement à Internet sont en voie de résolution, la question des contenus et de leur exploitation pédagogique reste posée.

En effet et malgré l’ouverture des enseignants de français à ce type de produits (qui s’explique par leur conscience de la nécessité d’innover, de motiver à l’apprentissage d’une deuxième langue, de coopérer avec leurs pairs et avec leurs élèves, de diversifier leurs pratiques de classe, de disposer de documents authentiques…) on se trouve encore face à des questionnements qui interpellent et  les encadreurs et les enseignants : 

1.     Pour les enseignants réfractaires à l’usage des TICE :

·        Comment les amener à remettre en cause les modes d’enseignement traditionnels alors qu’ils sont eux-mêmes plongés dans un contexte nouveau d’apprentissage ?

·        Comment les convaincre que les  TICE  peuvent ouvrir des champs nouveaux par rapport à leur discipline ?

 

    2- Pour ceux qui se sont convertis aux TICE :

·        Comment modifier certaines représentations  qu’ils ont des TICE et qui restent assez classiques : ex.  exploitation de  ces produits dans une salle de libre accès comme l’était le laboratoire de langue, perception du multimédia uniquement comme un outil supplémentaire par rapport au cours … ?

·        Comment passer de l’utilisation du cours clé en main à la création du cours par l’enseignant ou par l’équipe d’enseignants d’un établissement ?

·        Comment les aider à maîtriser la nature des interactions apprenant – machine , à structurer l’usage de l’Internet par les élèves… ?

·        Comment mettre en œuvre des démarches liées à la pédagogie différenciée pour réduire les inégalités et atténuer les effets de l’hétérogénéité des classes ?

·        Comment les amener à repenser leur relation au manuel scolaire et à le situer par rapport à d’autres formes de ressources ?

·        Comment valider toute la production  des enseignants ?

·        Quelle(s) forme(s) d’évaluation mettre en place , par rapport à quelles activités de la classe ?

·        Etc…

 

 

Pour ne pas conclure

 

La réflexion récente autour des nouveaux programmes de français(cf. document en annexe) a permis de poser ces questions et bien d’autres ; compte tenu du rôle incitatif des programmes des réponses ont été avancées sous forme de recommandations méthodologiques, de contenus plus adaptés au TICE, l’option qui consiste à adopter l’approche par compétences, le choix notamment de trouver des articulations entre compétences disciplinaires et compétences transversales sont un début de réponse à ces interrogations.

Par ailleurs et au plan institutionnel, le projet de l’établissement constitue aussi un facteur d’incitation à la coopération entre équipes inter- et pluri-disciplinaires, un espace où les initiatives sont diffusées et valorisées.

Mais on ne peut pas affirmer pour autant que le pari est totalement gagné : pour cette réforme plus que pour  toute autre, il est  nécessaire de  laisser aux enseignants le temps de se questionner, de pratiquer et de produire, il faut surtout trouver la réponse à une question qui nous semble cruciale pour notre discipline :

Quelles démarches de formation adopter afin que les aspects techniques, la description de la fonctionnalité des produits et la fascination devant la nouveauté ne l’emportent pas sur la question didactique de leur exploitation et de leur intégration en classe ?

 .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DOCUMENTS ANNEXES

 

Document  1

 

Projet  PREF / SET

FICHE DE PROJET

 

Intitulé

Projet de rénovation de l’enseignement du français dans le système éducatif tunisien  ( PREF / SET)

 

Opérateurs

  Ministère de l’éducation et de la formation  ( Tunisie)

  Service de coopération et d’action culturelle ( France)

 

Durée

 Trois ans      ( Octobre 2002  à Décembre  2005)

 

Chefs de projet

Mounira Hammami  ( Tunisie)

Jean-Louis Larramendy ( France)

 

Objectifs

Renforcer l’efficacité de l’apprentissage du français dans l’enseignement de base et dans l’enseignement secondaire

 

Composantes

Composante 1 

Assurer une mise à niveau (linguistique, culturelle et  scientifique) des enseignants de français dont la formation initiale est lacunaire

Composante 2 

Favoriser un véritable environnement culturel francophone à destination des élèves et des enseignants en dehors de la classe

Composante 3

Apporter les appuis nécessaires à l’encadrement pédagogique de manière à encourager l’assouplissement, la diversification et le renouvellement des pratiques de classe

 

Activités principales

C1 : Formation d’enseignants sur place

          Formation à distance

C2 : Dotations  documentaires pour les élèves

         Ateliers d’animation ( théâtre, écriture, chanson, production audio-

         visuelle…)

         Jumelages scolaires   

C3 : Création et animation d’un site Internet

          Mise en place de réseaux au sein des directions régionales et de 

          groupes de travail au sein des établissements

          Dotations  documentaires pour les inspecteurs, formateurs et  

          enseignants

          Formation en France des inspecteurs, des assistants pédagogiques et

          des enseignants  formateurs        

         

          

 

 

 

 

 

DOCUMENT 2

 

 

PROGRAMME DE FRANÇAIS

 

(Extraits «  1ère.A.S »  )

 

1-Statut et finalités du français

 

« Les langues étrangères sont enseignées dès le premier cycle de l’enseignement en tant qu’outils de communication et moyens d’accès direct aux productions de la pensée universelle et ce qu’elle véhicule comme techniques, théories et valeurs civilisationnelles, afin de préparer les jeunes à suivre leur évolution et à y contribuer d’une manière qui permette à la fois d’enrichir la culture nationale et d’assurer son interaction avec la culture universelle.»

C’est en référence à cette finalité énoncée dans la Loi d’orientation  qu’est défini le statut du français.

Etant la première langue étrangère étudiée par l’élève tunisien, le français devra contribuer à sa formation intellectuelle, culturelle et scientifique.

Il sera pour l’élève un moyen complémentaire pour :

  • communiquer avec autrui ;
  • découvrir d’autres civilisations et cultures et se situer par rapport à elles ;
  • accéder à l’information scientifique et technique.

 

 

2- Principes directeurs

 

Le présent programme de français s’inscrit dans la continuité de celui de l’enseignement de base quant aux principes fondamentaux qui le régissent, à savoir l’approche par compétences et l’approche communicative.

 

L’approche par compétences

 

Inspirée par les théorie constructiviste et socio- constructiviste (cf. en particulier les travaux de Vygotsky et de Piaget), selon lesquelles « le savoir n’est pas le produit de découverte mais se construit par le sujet », l’approche par compétences met l’accent sur le rôle de l’élève dans l’activité d’apprentissage. Elle vise l’acquisition de compétences durables et transférables qui sont le résultat d’un ensemble de démarches ou processus non seulement cognitifs mais affectifs et sociaux ( cf. M-F. Le Gendre 1998).

Ainsi les savoirs et savoir-faire visés ne se réduisent plus aux contenus propres à une discipline mais intègrent aussi les démarches de pensée et les attitudes relationnelles nécessaires à leur assimilation ; ils deviennent dons des ressources à mobiliser dans des situations de plus en plus complexes.

Enseigner la langue consistera dès lors à placer l’élève dans des situations de communication lui permettant de mettre en œuvre des savoirs  et des savoir-faire et des savoir-être qui assurent la maîtrise progressive des compétences visées par le programme.

Ces compétences ne relèvent pas seulement du domaine linguistique, discursif ou méthodologique mais se rattachent aussi aux pratiques sociales  et culturelles.

 

L’approche par compétences permet donc :

·        de donner du sens aux apprentissage;

·        de rendre les apprentissages plus efficaces

·        de fonder les apprentissages ultérieurs.

 

 

Pour garantir une appropriation des contenus, l’approche met l’accent sur ce qui est fondamental, se préoccupe des acquis antérieurs et recommande d’évaluer de façon continue les acquis en vue de remédier aux insuffisances et de mieux préparer les apprentissages futurs.

Cette pédagogie de l’intégration des acquis est ainsi assurée par la réalisation de tâches et la résolution de problèmes en rapport avec des situations de communication diversifiées.   

 

 

L’approche communicative0

 

Maîtriser une langue, c’est en faire un usage authentique dans des situations d’énonciation différentes : ce qui revient à rappeler que développer une compétence de communication exige de restituer à la langue même en situation scolaire son véritable rôle, sa véritable fonction.

Cette perspective rend nécessaire le recours à des activités où l’élève s’exprime pour transmettre un message à quelqu’un, le principe étant que toute communication est non seulement motivée mais aussi finalisée : on parle, on écrit pour dire quelque chose à quelqu’un. Tout acte de communication authentique ne peut se faire sans prise en compte des paramètres socio-linguistiques et culturels qui le fondent. ( cf. S. Moirand).

Placé dans des situations de communication diverse empruntées au contexte scolaire et/ou à la vie sociale , l’élève sera alors davantage capable de comprendre et de produire des énoncés signifiants prenant en charge les outils linguistiques et les utilisant de manière réfléchie et délibérée.

Faire travailler les élèves dans le cadre de situations significatives implique que l’on s’efforce de recréer un environnement linguistique et culturel stimulant et qu’on leur propose des tâches et des occasions d’échanges qui sollicitent différentes capacités  et lui permettent d’avoir de la langue une pratique plus rigoureuse et plus diversifiée , développer le goût d’apprendre, l’envie de lire et d’écrire.

Il s’agit dès lors de trouver des familles de situations énonciatives à l’oral et à l’écrit qui favorisent la mise en œuvre de ces capacités ex : parler pour demander un renseignement, écouter pour comprendre un discours, lire pour s’informer ou se distraire, écrire pour rendre compte,…

 

Compétences disciplinaires et compétences transversales

 

Le programme des programmes définit la compétence comme l’aptitude à mobiliser un ensemble intégré de savoirs, de savoir-faire et de savoir-être en vue de  faire face à une ou des  situation(s) complexe(s), pour  résoudre des problèmes et élaborer des projets.

Compte tenu des objectifs de formation intellectuelle, culturelle et  méthodologique assignés à l’enseignement du français, les compétences retenues pour développer la maîtrise de cette langue se situent  à deux niveaux :

 

  • descompétences disciplinaires qui fondent tout apprentissage propre à une discipline donnée et qui, pour l’enseignement du français, se rattachent aux quatre activités langagières connues à savoir : parler – écouter- lire – écrire.
  •  
  • des compétences transversales qui sont par définition plus englobantes que les compétences disciplinaires. Mises en œuvre dans des situations variées, elles garantissent le transfert des acquis d’un contexte à un autre.

 

Les compétences transversales retenues par le Programme des programmes relèvent de trois types de  préoccupations : méthodologiques, intellectuelles et relationnelles.

 Elles contribuent à développer chez les élèves les facultés intellectuelles, à favoriser leur autonome  et à leur faire  acquérir le sens du relatif et l’esprit de tolérance.

 

Mises en relation avec les compétences spécifiques à la maîtrise de la langue française, elles peuvent se décliner comme suit :

 

Exploiter des données  ex.  rechercher, traiter  des informations , s’approprier l’information par le biais de la lecture,…

 

Acquérir des méthodes de travail  ex.  comprendre des consignes, consulter un dictionnaire, un sommaire, un fichier; mettre en oeuvre des stratégies de compréhension de mots difficiles, constituer un répertoire, prendre des notes, réviser son texte à partir d’un brouillon, exploiter des grilles d’auto-correction, verbaliser ses pratiques de lecture et d’écriture,…

 

Utiliser les TICE  ex. lire et suivre des consignes à l’écran, consulter un dictionnaire électronique, créer un texte en exploitant  un logiciel de traitement de texte, corriger son texte, correspondre par e-mail, utiliser un cédérom, naviguer pour lire des documents divers,…

  

 

Résoudre des problèmes : ex. dépasser ses blocages pour s’exprimer, recourir à des supports appropriés pour clarifier sa propos, pour convaincre, actualiser ses connaissances, réinvestir ses acquis,…

 

Elaborer des projets : illustrer un texte, jouer une scène, participer à l’animation d’une séance de bibliothèque de classe, présenter un sketch, participer à un atelier d’écriture, élaborer un dossier, participer à la  création d’ un journal de classe, rendre compte d’une activité scolaire ou extra-scolaire,…

 

Communiquer avec l’autre : ex.

-chercher à entrer en contact avec l’autre, oser parler dans une langue approximative, adopter une attitude d’écoute, exprimer ses goûts, accueillir le point de vue de l’autre, confronter ses idées à celles d’autrui ;

 -faire connaître la richesse de son patrimoine, manifester une ouverture liée à l’univers culturel de la langue française, rendre compte d’événements culturels ou médiatiques, partager son plaisir de lire ;

-faire part de ses difficultés d’apprentissage, coopérer avec ses camarades pour progresser, partager l’information, …

 

Exercer son esprit critique : ex .exprimer et justifier son accord, son désaccord, prendre du recul par rapport à l’écrit, assumer et justifier ses goûts littéraires et artistiques,…